Actualité des PONTONS

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23.02.2012
A André, le pêcheur

Je songeais à ce bateau bleu en bois, héritier d’une époque où le port comptait plus d’amis et moins d’agitations. Chaque jour, été comme hiver, l’étrave traçait la route, laissant derrière elle le sillage et l’onde qui venait claquer contre les coques des plaisanciers sagement amarrés sur les pontons de Monaco.

Pas loin, autour de la cabane du pêcheur, il y avait tes amis et autres figures du port. Ils n’avaient pas une raison particulière d’être là, mais ils n’avaient surtout pas de raisons de ne pas être là ! Pour rien au monde, ils n'auraient loupé la petite discussion de l’après-midi ou de la fin de matinée.

Soudain je me rappelais, un jour de printemps. Je suis rentré au port avec mon nouveau flybridge. Heureux mais paniqué à l’idée de ne pas être capable de le manœuvrer. A peine au ponton, j’ai croisé tes yeux bleus et ton sourire. En un instant, tu as su me prendre en dérision pour immédiatement me proposer de me montrer comment m’y prendre... “ Avec tes deux moteurs et le propulseur tu ne peux rien rater ! Regarde, moi je n’ai qu’un moteur et j’ai toujours mis le bateau où je voulais !” tu m’as dit. Je me souviens, tu riais et moi je stressais ! En quelques minutes j’étais rassuré et avec un tel marin à bord, rien ne pouvait nous arriver !

En passant à pieds, en scooter ou en voiture devant le Stars’n Bars, si tu étais sur le pont de ton bateau bleu, je me souviens de ta main qui me saluais à chaque fois... Mais à y observer de plus près, je m’apercevais que tu saluais tout le monde, parce que tout le monde te connaissait, tout le monde t’aimait.Tu étais un vrai personnage.

Je me souviens du petit Enzo sur le ponton Riva. Chaque année il prenait quelques centimètres en plus, mais il ne quittait pas son fil, son hameçon et son petit seau. Bien évidemment, la pêche dans le port n’avait pas grand chose à voir avec la pêche au large, mais c’était sans compter sur le pêcheur de Monaco qui allait bientôt l’emmener sur son bateau bleu.

Tant d’années passées à tes côtés André. Tant d’années à te croiser, tant d’années à partager des histoires avec toi, tant d'hivers à te regarder passer et à se dire que t’avais bien du courage de sortir, tant d'aubes à te voir rentrer de ta première tournée quand les autres se lèvent à peine. Aujourd’hui, tous les amis des pontons de Monaco ont une immense peine. Ta voix, ton sourire, ton accent nous manquent déjà. On pense à ta maman, à ta femme, à ton fils Eric. Sur ton bateau bleu, il manquera une silhouette...

Mais ne t’en fais pas l’ami, on continuera à veiller sur ton bateau bleu. Il est précieux dans le port...

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